De Mère Dépositaire (Mère Aimée de Jésus), je garde le souvenir de sa jovialité, de son rire, de ses réparties amusantes, de son attention et de son respect pour notre Mère Fondatrice et pour toutes nos Soeurs.
Elle avait obtenu la permission de notre Mère, lorsqu’avec Soeur Annette Chamberlain nous sommes parties pour le Japon, d’aller « pas trop tard le soir » dans le wagon observatoire sur le train de Montréal à Vancouver. « Elles sont jeunes », disait-elle.
J'aime prier nos Fondatrices qui, de là-haut, veillent certainement sur chacune de nous dans la Congrégation et dans nos missions.
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Témoignage
de S. Suzette Falardeau, mcr
L’humour de Soeur Antoinette Giroux
Je revenais d’Anahim-Lake (CB), au moment où les Canadiens jouaient à Montréal contre une équipe américaine. S. Antoinette était une fan des Canadiens. Alors, pour la taquiner, je suis devenue la fan des Américains et nous avons conclu un marché : si les Canadiens perdaient, elle me devait un dollar et vice-versa. Les Canadiens perdirent la joute.
Le lendemain matin, j’ai trouvé à ma place au réfectoire, 100 sous noirs bien collés sur une grande feuille blanche ! Une façon de me dire que gagner n’exclut pas le travail personnel : j’ai dû nettoyer les 100 sous noirs pour avoir mon dollar.
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Témoignage
de S. Lucienne Jacques, mcr
Mère Antoinette…Ses talents
Mère Antoinette me semblait être une femme libre et sereine. Quoique vivant dans l’ombre de Mère Fondatrice, elle savait ce qu’elle pouvait nous apporter dans beaucoup de domaines.
Elle possédait de nombreux talents qu’elle utilisait avec grande simplicité. Elle était artiste, aimait le chant et la musique, elle mettait toujours une note joyeuse à nos récréations. Elle aimait raconter des histoires. Elle avait un vrai sens de la liturgie.
Les fêtes étaient toujours préparées avec grand soin. Elle nous exerçait elle-même et il ne fallait pas fausser. Sa finesse d’oreille était spéciale.
Elle préparait également les séances pour Mère Fondatrice. Un jour, alors que j’étais encore novice, elle m’a donné le rôle d’Ignace dans la séance: « Les Compagnons d’Ignace de Loyola » en me disant : « C’est un bien pauvre St-Ignace, mais je n’en ai pas d’autres ».
Son caractère
Un aspect de son caractère qui m’a toujours impres¬sionnée était la confiance qu’elle nous manifestait.
Novice de 2ème année, j'étais « première aux hosties » comme on disait alors. Après nous avoir enseigné ce que nous devions faire, je n'ai jamais eu l'impression qu'elle nous surveillait. Elle ne contrôlait jamais les colis, de même que les factures que nous expédiions aux paroisses. Elle nous informait toujours lorsque les prêtres avaient acquitté leurs factures. Il y avait un curé qui ne payait jamais. Un jour, elle me dit :
« Ne mettez plus de factures avec les hosties, je crois que ce prêtre est plus pauvre que nous. »
Mère Antoinette m’a toujours édifiée par son amour du travail bien fait. Un jour, alors que j’étais encore postulante, j’avais préparé un bouquet ; les fleurs étaient belles mais le vase, pas très clair. Elle me dit :
« Ma petite sœur, il faut que le vase soit aussi beau que les fleurs. »
À chacun sa beauté !
Je crois que toutes, nous lui devons une dette de reconnaissance. Elle a veillé aux finances, travaillé dur pour nous former aux divers métiers qui rapportaient un peu d’argent. Je la vois encore confectionner des couronnes de fleurs, décorer des gâteaux avec la perfection qu’elle mettait en tout.
Mère Antoinette était une femme de prière, elle avait un sens particulier de Dieu et du respect qu’on lui devait. Elle n’aimait pas du tout nous voir rire à la chapelle.
Elle avait un côté avant-gardiste, elle comprenait pour nous l’urgence d’étudier les langues. C’est grâce à elle que nous avons pu suivre des cours de japonais.
En ce qui regardait le costume, elle disait que pour les pays chauds, on devrait alléger le poids de l’habit.
Elle ne dédaignait pas les détentes ; elle aimait les joutes de hockey à la télévision. Un soir que nous visionnions ensemble un match entre Boston et le Canadien, il ne restait plus que quelques secondes, elle me dit: « Sœur Lucienne, prions », et le Canadien marqua le but vainqueur.
Son sens artistique
J’ai déjà dit qu’elle avait un grand sens artistique, elle me racontait que Mère Marie du Saint Esprit lui disait en admirant les bouquets spirituels qu’elle faisait : « J’aime votre travail, c’est beau et on dirait que vous ne l’avez pas touché tant c’est délicat ». Elle ne nous a jamais caché la vénération qu’elle éprouvait pour Mère Marie du Saint Esprit et je pense que Mère Marie du Saint Esprit avait aussi une grande affection pour elle.
Une femme de devoir
Mère Antoinette était une femme de devoir, elle possédait un sens de la responsabilité peu commun. Il suffisait de la voir travailler pour comprendre l’importance d’un travail bien fait.
Certains diront que Mère Antoinette a beaucoup souffert ; moi je dirai qu’elle a beaucoup aimé et qu’elle s’est sacrifiée pour notre Congrégation.
Aussi, je voudrais ajouter qu’un des traits de son caractère était l’absence de rancune. Un jour, elle m’avait réprimandée assez fortement et je m’étais agenouillée selon la coutume et j’avais baisé la terre.
Quand je me suis relevée, elle m’a regardée avec un bon sourire ; j’ai compris que chez elle, c’était uniquement le sens du devoir qui lui avait commandé de me parler ainsi.
La mort
Cependant, quand le moment fut venu, un 1er avril, elle est partie doucement.Cependant, le mystère de la mort l’inquiétait. Un jour, elle me dit : « La mort, quel immense trou noir ! » Cependant, quand le moment fut venu, un 1er avril, elle est partie doucement.
La famille
Elle aimait beaucoup sa famille, sa belle-mère qu’elle admirait, et son jeune demi-frère, Guy, qu’elle chérissait spécialement.
Voyage au Congo
C’est ce même sens du devoir qui lui fit accepter de m’accompagner au Congo. Je me sentais incapable d’envisager les problèmes d’une mission que je ne connaissais que très peu et mon manque d’expérience me rendait encore plus craintive. Mère Antoinette me fut d’un grand secours.
Malheureusement, au retour, la Compagnie Sabena, ne nous avait réservé aucune chambre d'hôtel et nous avons dû aller loger dans une maison privée. Pour souper, il nous a été offert de la viande faisandée. J'en ai goûté, mais n'en ai pas mangé, tandis que Mère Antoinette, elle, ne l'a pas seulement goûtée, mais elle l'a mangée, mortifiée qu'elle était, plus que moi. Malheureusement, elle a fait une gastro-entérite sévère. Quelqu'un m'a amenée à la pharmacie où j'ai pu avoir des remèdes. Mère Antoinette voyant mon inquié¬tude et cherchant à me rassurer, me disait : « Ça aussi, c’est pour la mission du Congo ».
Nous avons promis une messe en l’honneur de la Sainte Vierge et le matin suivant, Mère était assez forte pour reprendre le voyage. Je sentais bien chez elle ce désir de tout offrir pour le succès de ce voyage au Congo.
Depuis ce voyage, elle me remerciait souvent de lui avoir donné l’occasion de visiter cette mission, qu’elle n’aurait sans doute jamais connue si je ne lui avais pas demandé de m’accompagner.
Je garde une grande vénération envers Mère Antoinette.
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Témoignage
D’une Missionnaire du Christ-Roi
Deux Soeurs
Vous parler de Mère Antoinette après vous avoir parlé de Mère Fondatrice, me paraît comme une répétition d’un même thème sur un mode différent.
À mon avis, Mère Assistante, comme on se plaisait à l’appeler autrefois, était spirituellement moulée sur le modèle de Mère Fondatrice, ayant reçu la même formation à l’Immaculée Conception. Elle avait l’humilité de passer en second, de s’effacer pour ainsi dire et de se faire disciple comme nous. Qu’elle ait eu une participation remarquable dans le travail de la fondation est d’une évidence incontestable. Sœur de sang de Mère Fondatrice, elle était aussi sa sœur de cœur. Elle avait assumé dans la foi et dans la joie une vocation de co-fondatrice qu’elle n’avait sans doute ni envisagée ni choisie.
À l’image de Saint Joseph
Mère Aimée de Jésus nous a laissé le souvenir d’une personne attachante par le côté joyeux de son caractère qui faisait à bonne ou à mauvaise fortune bon cœur. Je la comparerai à Saint Joseph, qui dans le doute, dans le travail et dans la peine, a vécu de foi en l’action de Dieu. Si elle a su partager avec Mère Fondatrice les joies et aussi les angoisses des débuts, elle portait souvent seule le fardeau des intérêts financiers et matériels de la Congrégation. C’est grâce à son sens des affaires, à son économie et à
son travail infatigable que la Congrégation a pu passer à travers des débuts très pauvres et peu prometteurs matériellement. Elle était d’un dévouement sans limite pour le bien de la Congrégation.
Mère Aimée était douée d’une nature joyeuse, d’un sens artistique très développé et d’un savoir-faire remar¬quable pour tous les travaux, surtout la broderie, la peinture, la culture des fleurs et la musique. Avec Mère Fondatrice, elle nous a initiées à une liturgie soignée qu’elle rehaussait de sa belle voix. À la récréation du soir, elle savait nous égayer au piano par des pièces et des chants qui souvent prenaient une tournure comique, douée qu’elle était d’un sens de l’humour irrésistible.
Le portrait que je trace de Mère Antoinette pourrait peut-être faire croire à une certaine légèreté dans son caractère. Mère Antoinette cachait derrière une façade de gaieté un trésor de vie intérieure qui soutenait et alimentait sa vie et son action. Elle était une priante ambulante dont chaque pas était un acte d’amour. « Aimée de Jésus », elle ne l’était pas seulement de nom. Elle se nourrissait de la doctrine de Dom Marmion ; « Le Christ dans ses Mystères » était son livre de chevet. Elle a marqué notre Congrégation d’un esprit de joie dans la foi.
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Témoignage
de S. Louisa Poirier, mcr
Mère Assistante, la femme qui voyait T O U T !
C’était au début de l’Avent 1952 ou 1953… J’avais imprimé les Cartes de Vœux pour le Bureau de la Sainte Enfance de Gaspé. Ensuite, j’ai coupé les cartes avec le gros couteau mécanique de l’imprimerie. Faut croire que j’avais mal pris les mesures car elles n’étaient, hélas, pas à l’équerre !
L’Officière m’a envoyée montrer mon gâchis à Mère Assistante. Celle-ci, après m’avoir un peu grondée m’a dit : « Vous allez les couper une à une à la tranche ! » Je me suis attelée à la tâche la larme à l’œil sur une table libre du réfectoire pour avoir de l’espace.
Après un long moment, une heure ou plus, Mère Assistante est venue voir le résultat de mon travail. Elle m’a félicitée et a continué avec moi à réparer mon erreur jusqu’à la dernière carte.
Cela m’a montré sa grande bonté malgré la lourde tâche qui l’attendait sûrement à son Bureau…
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Témoignage
de S. Henriette Fallu, mcr
Mère assistante, une femme de tous les métiers
Mère assistante, une femme de tous les métiers
Je l’ai beaucoup admirée pour être toujours la Deuxième, effacée. Elle s’entendait bien avec Mère Fondatrice même si elle ne voyait pas toujours les choses de la même façon qu’elle. S. Antoinette était très pieuse, simple ; elle aimait rire et son rire déridait.
J’ai travaillé six ans avec elle à l’imprimerie : on lui faisait corriger les épreuves. Elle nous recevait toujours avec attention et amabilité ; rarement, elle nous demandait d’attendre une minute. Elle venait aussi nous visiter au sous-sol et nous taquiner.
Un jour, en la fête des mères, alors que Mère Fondatrice était au Japon, la « folle du logis » me suggéra de lui composer des vers : « C’est à l’ombre des primevères que je vous écris ces vers… » Je l’écris de mon mieux et je le mets au propre avec un dessin. Puis je mets le tout dans une enveloppe et je la lui donne en disant :
« Bonne fête des Mères, chère Mère assistante ! »
Cette délicatesse enfantine lui plut tellement ! Elle me répondit par un poème charmant, comme elle savait si bien le faire !
Si nous avions été disputées par Mère Fondatrice – pour notre bien – cette chère Mère Assistante savait dire un mot, qui n’était pas à l’encontre de sa sœur, mais qui nous guérissait.
Musicienne, chanteuse, économe, brodeuse (reprises invisibles), fleuriste : elle était de tous les métiers !
Je prie pour qu’elle intercède pour notre Communauté !